Valérie du Chéné Bureau des ex-voto laïques

Arlette Farge, Noémie Révah, Magali Brénon
Préface de Marie-Louise Botella-Gragez
Coproduction les Éditions Villa Saint Clair avec 3bisf lieu d’arts contemporains Aix-en-Provence, le Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc Roussillon Sète, le Département de l'art dans la ville de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, de la Galerie Philippe Samuel Paris et de KAmmer A.
L'ouvrage reproduit les gouaches réalisées par l'artiste, illustration des histoires (ex-voto laîques) racontées par les patients et visiteurs dans son bureau ouvert  lors de sa résidence à l’hôpital psychiatrique de Montperrin d'Aix-en-Provence à l'invitation de 3bisf lieu d'arts contemporains
ISBN 978-2-908964-52-3
Format 16 x 22cm, 112 pages couleurs, couverture rigide

Prix 20 €


Date de parution  janvier 2008
Présentation du livre à 3 bis f à Aix-en-Provence le jeudi 20 mars
Exposition "techniquement douce" 5 avril 25 mai au Lieu d'Art Contemporain à Sigean (Aude) - vernissage le 4 avril
Salon du dessin à Paris du 9 au 14 avril
Librairie Florence Loewy à Paris vendredi 25 avril

Également aux éditions V.S.C. Valérie du Chéné Rio de Janeiro

http://www.valerieduchene.com/

Choisir ses mots, vider son sac, se raccrocher aux étoiles. Garder la bouche béante pour cracher ses peines, ses joies et ses désirs les plus profonds comme un flux continue qui d’une page à l’autre glisse sur des formes colorées et constitue la trame des gouaches de Valérie du Chéné, reproduites dans cet ouvrage. Du mot à l’image, de l’oralité à la couleur, l’artiste recueille et transforme cette matière brute : les récits et murmures des patients, du corps médical et des visiteurs de l’hôpital psychiatrique de Montperrin d’Aix-en-Provence où elle a installé temporairement son "Bureau des ex-voto laïques", sur une proposition du 3 bis f lieu d’arts contemporains. Le principe de recueil d’histoires mis en place par Valérie du Chéné, fonctionne alors comme une sorte d’exécutoire, et à la notion de processus, elle substitut celle de l’échange. Échange, que l’on retrouve au cœur de la nature même d’un ex-voto, dont les racines latines signifient "d’après le vœux". Une nature intrinsèque, teintée de l’idée de contrat, l’échange d’un bien matériel contre un désir. Ici, le processus s’inverse et part du désir, de la réalité, ou des chimères, pour devenir une forme, une couleur, pour retranscrire une vision synthétique issue de l’imaginaire de l’artiste auquel se confondent les mondes de ceux qui ont bien voulu les lui faire partager. Les gouaches de Valérie du Chéné volontairement criantes, baignées de surréalisme, et aux couleurs hirsutes sont le fruit de cet échange, la transcription iconographique de ces divers récits, desquels parfois simplement un mot, un sentiment, ou encore une idée est attrapé à la volée par l’artiste pour finir son bout de chemin en aplat sur le papier. Fixation d’un instant durant lequel l’ordre des choses, subitement, dérape. Images au réalisme fuyant, insaisissable, qui ne cesse de se dérober pour nous faire basculer dans nos propres mondes imaginaires, aux cœurs de nos rêves volatiles qui ne laissent de traces que par la force de l’artiste et de ces gouaches dont elle a seule, le secret. Ces transsubstantiations esquissent un rapport aux mots, à l’oralité, toujours présent dans le travail de Valérie du Chéné, et qui ici annulent leur poids, leur hiérarchie, pour leur substituer des liens fantasques, aussi incongrus que spontanés. Sorte de dessins-valises, de cadavres exquis, d’aphorismes visuels, où mots et idées deviennent des formes géométriques, des babils de couleurs, des personnages, objets ou animaux en situations pour le moins insolites, des architectures et des espaces séquencées, sans centre ni frontière, n’obéissant qu’à des découpages formels ou chromatiques. Les gouaches de Valérie du Chéné interprètent les syntagmes du monde, inversent leur charge négative et les transforment en images invraisemblablement poétiques, élaborant avec décontraction une mythologie profane et composite au grés de petites histoires… Celles-ci nous sont alors données à voir dans cet ouvrage qui en réuni pas moins d’une quarantaine, de quoi allègrement nous transporter au fil des pages dans l’univers de l’artiste qui nous maintient en permanence aux confins de nos propres rêves. Une mise en page des plus simple, conçue conjointement comme telle par l’artiste et Jacques Fournel, son éditeur, pour une plus grande place laissée aux gouaches toujours brutes, énigmatiques et déroutantes de sens, qui nous livrent l’interminable ambivalence et ambiguïté du monde et de ses mots. L’édition pensée par l’artiste dès le début du projet est agrémentée d’un inventaire des prises de notes qui rend visible le parcours des images, des histoires contées à leurs retranscriptions gouachées. La préface de Marie-Louise Botella-Gragez, et suivies par les textes respectifs de l’historienne Arlette Farge, de Noémie Révah, et de Magali Brénon.

Viginie Lauvergne février 2008