Olivier Notellet

 Olivier Nottellet Pffffuut
 Automne 2006
 Compilation de 370 dessins issus des carnets d’Olivier Nottellet.
 Un choix subjectif parmi l’abondante production de ces dernières années, accompagné d’un texte de l’artiste "La machine à dessiner"
 384 pages noir et blanc, 15x21 cm, couverture rigide
 Tirage 600 exemplaires
 ISBN 2-908964-48-1


 Prix  20 €

Édition réalisée en coproduction avec le Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon à  Sète avec le soutien de la Région Languedoc-Roussillon, du Ministère de la Culture Direction Régionale  des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon et de la Ville de Sète

http://www.oliviernottellet.com/

Broyer instinctivement du noir et l’étaler, l’agencer, le féconder.  Machine insatiable, que rien ne peut arrêter, pas même ses propres humeurs et sa mécanique déréglée, et qui toujours avance tout azimut vilipendant son suc au grés des murs, des pages blanches et des cahier qu’Olivier Nottellet rempli, noirci frénétiquement. "Une Machine à Dessiner", comme il se décrit lui même, qui fonctionne sans cesse sur sa réserve de noir épanchée sur tous les espaces rencontrés, quitte à foncer dans le mur, a froisser la page. Un seul dessein : le dessin noir et blanc toujours frontal  qui met constamment en jeu la mobilité, la fragmentation et l’instabilité de l’espace comme du regard de ceux qui le traversent. Qu’il s’agisse de l’espace architectural qui l’accueille, ou de l’espace du livre, comme c’est le cas ici dans son recueil de dessins, Pffffuut, édité par la Villa Saint Clair ; l’œuvre d’Olivier Nottellet, tel un organisme puissant s’y développe, se moquant bien des barrières qu’elle rencontre : celle du mur ou de la page et au-delà, celle de la représentation, de la mimésis, de l’échelle, ou de la narration… Quant bien même la question du sens, de l’essence ou des sens tenterait de se faire  entrave à son chemin, la Machine à Dessiner prendrait un malin plaisir à la dérouter. Perturber le sens, l’essence et les sens, pour mieux les expérimenter. Les décharger, les vider pour les offrir à nos sens surexcités… Le dessin d’Olivier Nottellet se déploie de manière spontanée, tel un processus intuitif qui ne semble répondre qu’à une logique de la prolifération dans un univers en expansion permanente.  Une anarchie pourtant savamment contrôlée, qui campe sur ses réserves. Réserves blanches qui structurent parfois l’ensemble duquel subrepticement une forme anthropomorphe ou un objet aussi vaguement esquissé que rapidement étouffé par la masse noire qui les génère, tentent en vain de s’extirper. Duel incessant entre  fond et forme, vide et plein,  noir et  blanc. Marasme dynamité de l’intérieur qui trouve sa place, sa forme et sa force de sa fragmentation et de la collision des éléments qui en résultent. Derrière l’apparence d’une fuite incontrôlée de la Machine à Dessiner, écoulement de liquide céphalo-rachidien, bile, ou mélasse produite par la réduction gastrique de cette matière noire ; l’œuvre d’Olivier Nottellet se fraye nonchalamment un chemin à l’enfourchure de la figuration et de l’abstraction. Toutefois, sans jamais véritablement chercher à s’établir ni dans l’une ni dans l’autre, elle nous montre en revanche son étonnante puissance d’appropriation des lieux et sa persistance, toujours, à questionner cet espace physique dans lequel, alors seulement, elle trouve sa juste place. Corps à corps érotique, corps à corps politique entre la matière et l’espace qu’elle pénètre, qu’elle transforme. Et enfin corps à corps esthétique, entre les 370 dessins d’hier et d’aujourd’hui, choisis parmi les nombreux carnets de l’artiste, et réunis dans Pffffuut, livre conçu comme une œuvre autonome et enrichi d’un texte de l’artiste : "La Machine à Dessiner". Compilant sans chronologie apparente dessins anciens et récents, Pffffuut, nous guide sur le chemin chaotique de la Machine à Dessiner, et nous offre une appréhension globale de l’œuvre dont on peut suivre l’évolution dans ses moindres soubresauts. Aux dessins aujourd’hui gagnés de plus en plus par l’abstraction, s’intercalent en effet des séries plus anciennes, où le degré de "figuration" est tel qu’il laisse encore percevoir des silhouettes, des architectures, des formes géométriques et divers objets nettement identifiables comme ces fameuses chaises de bureau à roulettes que l’on retrouve depuis peu comme élément souvent central de ses installations. Pffffuut, mémoire vive propose un nouveau contexte d’existence à l’univers noir et blanc de l’artiste.  Plus qu’un livre, un nouvel espace d’exposition.

Virginie lauvergne